Faut-il recommander des traitements anti-lumière bleue au quotidien à nos patients ?

Janvier 2018 – PEGUIRON Sybille

RÉSUMÉ

La lumière bleue de courtes longueurs d’onde est présente dans la lumière du soleil et de plus en plus dans les lumières artificielles. Souvent incriminée, elle est régulièrement évoquée dans les risques d’atteintes oculaires tels que la dégénérescence maculaire liée à l’âge ou dans les problèmes de régulation de la mélatonine. Cependant, certaines composantes de cette lumière sont essentielles au bon fonctionnement de notre organisme, de notre santé et de notre vision.

OBJECTIF

Le but de cet article est de mettre en lumière les effets des courtes longueurs d’onde sur l’œil et l’organisme afin de conseiller au mieux nos patients dans le quotidien.

MÉTHODE

Plusieurs articles expliquant le rôle et les effets de la lumière bleue sont repris afin de comprendre les risques et les avantages de l’exposition à ces courtes longueurs d’onde.

RÉSULTATS ET DISCUSSION

La lumière est indispensable au bon fonctionnement de l’organisme et de la vision. La lumière bleue en fait partie.

CONCLUSION

Toute la lumière bleue n’est pas nocive. La filtrer en permanence ne s’avère pas être une solution optimale. Il faut savoir reconnaitre à quel moment il est nécessaire de conseiller un traitement anti-lumière bleue à nos patients. Il est important de connaître les divers effets de cette composante du spectre visible afin de répondre aux différentes interrogations de nos patients. L’exposition aux lumières bleues augmentera ces prochaines années, il est donc fondamental d’étudier toutes ces conséquences relatives.

MOTS-CLES

Courte longueur d’onde, lumière bleue, cycle circadien, filtre, DMLA, rétine

INTRODUCTION

La lumière bleue fait partie du spectre visible et ses longueurs d’onde se situent entre 380 et 500 nm. Elle constitue donc environ un tiers de toute la lumière visible. Cette lumière bleue est issue de la lumière du soleil, mais également des sources artificielles telles que l’éclairage fluorescent, l’éclairage LED et les écrans d’affichage. (Canadian Association of Optometrists, 2017)

L’exposition à la lumière bleue issue de la lumière naturelle pendant la journée varie entre 25 et 30 % selon le moment de la journée, l’endroit et la saison. Les sources de lumières artificielles émettent entre 25 et 35 % de composante bleue. (MELTON Ronald, 2014)

Ces courtes longueurs d’onde peuvent être nocives lors d’une exposition prolongée et intense. Cependant, cette lumière bleue a également des effets bénéfiques sur notre santé générale et sur la vision. De nombreux verres de lunettes, filtrant cette lumière bleue, existent à l’heure actuelle sur le marché. Les traitements proposés par les différents fournisseurs filtrent les courtes longueurs d’onde à différentes échelles. Il est important de prendre tous les paramètres en compte avant de conseiller l’un d’eux de façon permanente à nos patients.

MÉTHODE

Quelques effets positifs et négatifs des courtes longueurs d’onde sont énumérés afin de démontrer l’importance de ne pas porter continuellement des verres anti-lumière bleue.

Les courtes longueurs d’onde ont un rôle important dans la régulation du rythme circadien. La lumière bleue affecte la production de la mélatonine, l’hormone responsable du sommeil. Des chercheurs du Brigham and Women’s Hospital de Boston et de l’Université Thomas Jefferson de Philadelphie ont expérimenté les effets de l’exposition à la lumière bleue pendant la journée. Elle diminue en effet la production de la mélatonine. Ainsi cette composante de la lumière est utile pour la vie diurne, car elle stimule la vigilance, le maintien de l’éveil, les fonctions cognitives et réduit la somnolence. En conséquence, elle interfère dans le processus d’endormissement. (BREUS Michael J., 2014) Les longueurs situées entre 465 et 495 nm seraient les plus bénéfiques à notre organisme et à notre vision. (MELTON Ronald, 2014)

La lumière bleue est nécessaire pour le réflexe pupillaire. Elle induit plus rapidement et efficacement le myosis. (MELTON Ronald, 2014)

Plusieurs études réalisées sur des animaux ont mis en évidence une implication de la lumière bleue dans la pathogenèse de la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Ces études ont prouvé que les longueurs d’onde situées entre 400 et 460 nm seraient celles qui induisent les dommages au niveau des photorécepteurs par l’intermédiaire de la lipofuscine. Cependant pour l’humain, à l’heure actuelle, nous ne pouvons pas affirmer qu’une exposition prolongée aux lumières de courtes longueurs d’onde induise une DMLA. Plusieurs facteurs causals, autres que la lumière bleue, peuvent induire une dégénérescence maculaire liée à l’âge. (TOSINI Gianluca , FERGUSON Ian, TSUBOTA Kazuo, 2016)

RÉSULTATS

Les résultats mettent en évidence que la lumière bleue stimule l’éveil et la vigilance durant la journée, mais perturbe le sommeil la nuit. (BREUS Michael J., 2014)

Quant à l’implication de la lumière bleue dans la pathogenèse de la dégénérescence maculaire liée à l’âge, les études actuelles ne prouvent pas qu’elle en soit responsable chez l’être humain. (TOSINI Gianluca , FERGUSON Ian, TSUBOTA Kazuo, 2016)

Pour finir, les longueurs d’onde de la lumière bleue se situant entre 465 et 495 nm seraient les moins nocives pour la rétine et les plus utiles à notre organisme.

DISCUSSION

Selon ces différents faits, les filtres contre la lumière bleue sont à conseiller lors d’une exposition accrue à la lumière bleue en soirée. Ils peuvent également être recommandés aux patients présentant une prédisposition à une DMLA et à ceux qui sont beaucoup exposés aux courtes longueurs d’onde. Les traitements filtrant les UV et les courtes longueurs d’onde jusqu’à 460 nm seraient à privilégier. Une utilisation permanente de verres à traitement anti-lumière bleue est donc déconseillée.

Les patients sont souvent inquiets de l’influence des lumières bleues sur leur santé ou sur celle de leurs enfants. Nous pouvons répondre à leurs interrogations en leur prodiguant quelques conseils complémentaires. Pour favoriser l’endormissement, les appareils numériques ne devraient pas être utilisés 2 à 3 heures avant le coucher. (Canadian Association of Optometrists, 2017) Des modes de luminosité spécifique diminuant l’exposition à la lumière bleue peuvent être appliqués sur différents appareils et sont fortement recommandés.

Des études sur cette composante bleue du spectre visible sont encore nécessaires afin de déterminer sur un long terme les effets d’une exposition régulière à la lumière bleue dans des conditions normales pour l’être humain. Des approfondissements sur l’influence des courtes longueurs d’onde sur l’évolution de la myopie chez les enfants sont également essentiels afin de déterminer si cette lumière bleue favorise ou réduit une progression de myopie.