L’influence des réseaux sociaux sur la fréquence de clignement et l’oeil sec
Opto-MAG
22 août 2023, Estelle Reymond, Sara Biasco
Le temps passé au quotidien sur les réseaux sociaux soulève de plus en plus de questions et par conséquent, mesurer son impact sur l’oeil devient important. De plus, jusqu’à présent, il n’y a pas d’étude qui lie le syndrome de l’oeil sec à l’utilisation des réseaux sociaux.
Ansi, il a été décidé d’observer les effets oculaires de ceux-ci. Tout au long de ce travail, la problématique était d’analyser si l’utilisation d’un réseau social impactait la fréquence de clignement ainsi que l’oeil sec.
Plusieurs hypothèses ont été émises avant le début de la recherche. En effet, une augmentation de l’hyperémie conjonctivale et une réduction de la fréquence de clignement ainsi que de la valeur du « non-invasive break-up-time » étaient attendues.
Afin de répondre à celles-ci, deux expérimentations ont été effectuées. Une première étude «pilote» a été réalisée sur un échantillon de 9 participants. Puis, en fonction des résultats de celle-ci, une nouvelle étude, comportant 30 participants, a été élaborée. Dans chacune des expérimentations, le NIBUT, l’hyperémie conjonctivale et la fréquence de clignement ont .t. mesur.s et analys.s statistiquement.

Ces mesures ont permis de comparer les résultats sur une même personne avant et après l’observation d’un réseau social durant 20 minutes. Puis, les résultats ont été confrontés entre les différents participants. Les résultats de l’étude « pilote » ont permis de limiter l’action de divers éléments perturbateurs.
De plus, pour l’expérimentation principale, il a été décidé de comparer les effets sur les individus ayant des symptômes d’oeil sec et sur ceux n’en ayant pas ou peu. Afin de dissocier les personnes symptomatiques du reste des participants, le questionnaire OSDI a été rempli. Celui-ci a permis d’évaluer, selon une échelle commune, les symptômes ressentis.
Méthodologie
L’expérimentation se déroule sur un rendez-vous d’environ une heure. Le participant débute en remplissant le formulaire OSDI afin de quantifier ses symptômes de sécheresse oculaire. Puis, il regarde un documentaire pendant 8 minutes sur un ordinateur placé à 2.5 mètres. Ce visionnage permet d’obtenir la fréquence de clignement de base. Ensuite, l’hyperémie conjonctivale est quantifiée par la comparaison d’une photographie faite à la lampe à fente et des images de « grading scales » (Brien Holden Vision Institute).
Puis, le NIBUT est mesuré à l’aide du topographe Sirius AS-OCT MS-39 dans le but d’obtenir une valeur objective et non invasive du « tear breakup time ». Enfin, la personne utilise son compte personnel d’un réseau social pendant 20 minutes. Après ce stimulus, la mesure de la rougeur conjonctivale et le NIBUT sont repris exactement de la même façon que précédemment. Ce procédé permet une comparaison avant-après. Finalement, lors du visionnage du documentaire et de l’utilisation du réseau social, le nombre de clignements a été comptabilisé, durant 5 minutes, à l’aide de deux caméras.
Résultats
Les moyennes et les médianes des résultats ont permis de répondre, du moins en partie, aux questionnements des conséquences du réseau social sur la fréquence de clignements et sur le syndrome de l’oeil sec.
Concernant le NIBUT, celui-ci a eu des résultats très variés d’une personne à l’autre. Il a permis de mettre en évidence une différence significative entre les personnes ayant des symptômes et celles n’en ayant pas, avant l’utilisation du réseau social. En effet, le groupe avec symptômes a obtenu une valeur inférieure de 1.5 fois par rapport au groupe sans symptômes. Les autres tests concernant le NIBUT n’ont pas donné de résultats significatifs.
À propos de l’hyperémie conjonctivale, aucune différence entre les mesures n’a été trouvée. En effet, que ce soit en comparant les valeurs d’un même échantillon ou en comparant les deux groupes, les résultats obtenus ne sont pas significatifs, tant statistiquement que cliniquement.
En revanche, la fréquence de clignement a diminué de façon significative lors de l’usage du réseau social. Cette réduction concerne les deux groupes de participants et s’élève à 41% pour le groupe sans symptômes et 35% concernant le groupe avec symptômes. Par ailleurs, aucune différence entre les groupes n’a été trouvée.

Discussion et conclusion
Cette étude a permis de mettre en évidence l’effet des réseaux sociaux sur la fréquence de clignement et l’oeil sec. En effet, il semblerait que l’usage des plateformes sociales durant 20 minutes n’ait pas d’effet sur le NIBUT ou l’hyperémie conjonctivale.
Cependant, une différence importante a été décelée entre la fréquence de clignement de base et celle prise pendant l’utilisation du réseau social. En effet, une diminution d’environ 35 à 40% a été trouvée. De ce fait, il est possible que l’utilisation d’un réseau social sur le téléphone diminue le nombre de clignements sans avoir d’incidence sur la physiologie de l’oeil. En effet, une surface oculaire exposée plus petite lors de l’utilisation des réseaux sociaux pourrait expliquer partiellement la diminution des clignements, sans influencer la stabilité des larmes ou la rougeur de la conjonctive.
Finalement, bien que certains éléments aient été modifiés afin d’améliorer l’étude « principale », il reste des résultats qui n’ont pas d’effets significatifs. Ainsi, de nouvelles améliorations sont suggérées dans le but d’assurer une meilleure méthodologie et peut-être la mise en évidence de certains effets des réseaux sociaux sur la santé oculaire.
Références
Figure 1 – OEil et r.seaux sociaux https://i.pinimg.com/originals/5d/57/ec/5d57ec101beeed2eafe7e5f9c3647c36.jpg