Les bases de l’OCT pour l’optométriste

OptoMag| 01 septembre 2017, Elodie Dell'Estate

AOR_Optometrie

Septembre 2017 – DELL’ESTATE Elodie

RÉSUMÉ

Objectif

Cet article a pour but d’expliquer de manière brève et succincte l’utilisation de l’OCT dans la pratique quotidienne de l’optométriste.

Méthodes

Description de la structure rétinienne et de certaines images de pathologies observées à l’OCT

Résultats et discussion

Exemples imagés de certaines pathologies et des couches affectées qui diffèrent selon les maladies.

Conclusion

Non invasive, cette méthode d’imagerie est primordiale pour le suivi ophtalmologique.

Mots-clés

OCT ; rétine ; interprétation

Conflit d’intérêts

Aucun

INTRODUCTION

« L’OCT (tomographie par cohérence optique) est une technique d’imagerie du fond d’œil, non invasive, qui permet d’obtenir in vivo des images en coupe optique de la rétine, avec une résolution de 3 à 7 μm sur les appareils les plus récents dits en “Spectral Domain”. L’OCT permet d’analyser la jonction vitréorétiniennne, les modifications de la structure du tissu rétinien ou sous-rétinien et de mesurer avec précision l’épaisseur rétinienne. Il est également de plus en plus utilisé dans la pathologie glaucomateuse grâce à la mesure de l’épaisseur de la couche des fibres optiques et des cellules ganglionnaires. » 1 (Je ne parlerai pas davantage à ce propos dans cet article).

En tant qu’optométristes, nous pouvons être amenés à utiliser cette technique d’imagerie. Il est donc important de savoir l’utiliser, mais aussi décrypter les images obtenues qui sont relativement complexes. Pour ce faire, elles doivent être interprétées par des méthodes logiques d’analyse et de synthèse. Tout d’abord, il faut analyser l’image en forme, en épaisseur et en volume. Ensuite, il faut visualiser la réflectivité de la lumière : haute, moyenne ou faible. Les formations anormales comme l’accumulation de liquide, les exsudats, les hémorragies et les néovaisseaux créent des ombres qui provoquent des variations, ou des absences de réflectivité. 2

MÉTHODES

Rappel histologique

Pour bien comprendre et analyser les images OCT, il est essentiel de se rappeler l’histologie de la rétine :

Figure 1 : image OCT avec Heidelberg Spectralis

OCT et analyse

L’analyse OCT nécessite trois étapes de base : l’étude de la morphologie, l’étude de la structure de la rétine et l’étude de la réflectivité. Afin de mieux les analyser, les images OCT sont de préférences vues en niveaux de gris plutôt qu’en couleurs conventionnelles. Cela permet de voir des détails qui ne peuvent pas être vus autrement. Les images négatives (les zones les plus claires apparaissent les plus sombres et les zones les plus sombres apparaissent les plus claires) peuvent aider à mieux voir certaines structures. 2

L’étude de la morphologie: Cela consiste à l’évaluation de la forme et des dimensions de la rétine et de la choroïde. La rétine et la choroïde ont une forme concave au sein de la sclérotique, semblable à un bol.

La fovéa forme une dépression entourée d’une zone qui est épaissie par les noyaux de cellules ganglionnaires et les cellules internes de la couche nucléaire. Le vitré adhère clairement à la marge du disque optique et à la fovéa. Cette adhérence diminue avec l’âge.2

L’étude de la structure: la structure de la rétine comprend, en plus des couches parallèles que nous avons décrites dans l’histologie, des formations transversales qui relient ensemble les différentes couches. 2 La rétine est soutenue par un échafaudage complexe, constitué de fibres capillaires et de cellules organisées, qui constituent de véritables obstacles à la diffusion des fluides. Ces détails verticaux et horizontaux expliquent l’emplacement, les dimensions et la forme des exsudations, des hémorragies et des cavités cystoïdes visualisées par OCT. Les barrières anatomiques bloquent verticalement et horizontalement la propagation des processus pathologiques. 1

Figure 2 : http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0181551217300591

L’étude de la réflectivité : Plus le tissu est réflectif, plus l’image sera blanche, et à contrario plus l’image apparaitra noire. 2

Sur l’image ci-dessous, nous pouvons voir 3 couches hyperréflectives :

Figure 3 : image OCT avec Heidelberg Spectralis

La première couche hyperréflective visible est la couche des fibres optiques. La deuxième couche correspond à la ligne de jonction des segments internes et externes des photorécepteurs et la troisième couche, la plus externe et la plus épaisse, correspond au complexe épithélium pigmentaire — membrane de Bruch — choriocapillaire. 3

La force du signal lumineux réfléchi par un tissu dépend de sa densité optique, de la capacité d’absorption de la lumière des tissus situés en face de celui-ci et de sa structure : les structures verticales telles que les photorécepteurs sont moins réflectives que les structures horizontales telles que les fibres nerveuses. 2

Une faible réflectivité peut être causée par un tissu atrophique, la présence d’une structure verticale et des zones contenant des fluides, en particulier dans les OCTs pathologiques. 2

Les couches qui possèdent un moindre pouvoir réfléchissant apparaissent en noir : les photorécepteurs — la choroïde — le vitré — le sang — les liquides. 1

Enfin, pour une bonne analyse, il faut détailler les images OCT couche par couche.

En premier, on observe la hyaloïde : elle est soit évidente, partiellement ou totalement détachée. Ensuite, on regarde le profil de la rétine : est-ce qu’il est régulier, irrégulier, y a-t-il a des plis ou des interruptions ? On vérifie la dépression fovéolaire : est-elle normale ou altérée en profondeur, en largueur ? On vérifie également toutes les autres couches au niveau de leur épaisseur, de leur réflectivité et de leur intégrité. On regarde également si l’on trouve des structures anormales dans ces couches. 2

OCT et analyse pathologique

Voici quelques dessins qui montrent certaines pathologies qui seront décrites au prochain chapitre.

1. Rétine normale

Membrane limitante interne

Membrane limitante externe

Ligne de jonction des segments externes et internes des photorécepteurs

Épithélium pigmentaire

Figure 4 : LUMBROSO Bruno et RISPOLI Marco. Pratical Retinal OCT. Jaypee. 2015, p.24

2. Membrane épirétinienne

Les plis rétiniens sont causés par une traction horizontale d’une membrane épirétinienne. Cette membrane est une très fine pellicule hyperréfléctive qui se trouve à la surface de la rétine dans la région maculaire et/ou autour.2

Figure 5 : LUMBROSO Bruno et RISPOLI Marco. Pratical Retinal OCT. Jaypee. 2015, p.27

3. Traction vitréo-rétinienne

Le profil de la rétine est déformé par une traction vitréenne. 2

Figure 6 : LUMBROSO Bruno et RISPOLI Marco. Pratical Retinal OCT. Jaypee. 2015, p.28

4. Trou lamellaire

Les trous lamellaires affectent seulement certaines couches de la rétine. Sur l’image ci-dessous, la membrane limitante externe, la ligne de jonction des segments externes et internes des photorécepteurs et l’épithélium pigmentaire sont intacts. 2

Figure 7 : LUMBROSO Bruno et RISPOLI Marco. Pratical Retinal OCT. Jaypee. 2015, p.29

5. Drusen

On peut voir trois drusen sous l’épithélium pigmentaire ; la membrane de Bruch est alors visible. En image OCT, le contenu des drusen est hyperréflectif. 2 Ils apparaissent en blanc.

Figure 8 : LUMBROSO Bruno et RISPOLI Marco. Pratical Retinal OCT. Jaypee. 2015, p.31

6. Œdème cystoïde

L’image montre un œdème maculaire cystoïde avancé. L’épaisseur de la rétine est augmentée. En image OCT, les kystes sont hyporéflectifs.2 Ils apparaissent en noir.

Figure 9 : LUMBROSO Bruno et RISPOLI Marco. Pratical Retinal OCT. Jaypee. 2015, p.34

RÉSULTATS

Syndrome de traction vitréo-maculaire avec menace de trou maculaire

Figure 10 : <http://www.laboratoires thea.com/medias/oct_retine_fr_thea_website_0.pdf>

La traction vitréo-maculaire montre un soulèvement marqué de la zone d’adhérence vitréo-maculaire centrale. Le kyste maculaire est associé à une ouverture des couches externes de la rétine, réalisant une menace de trou maculaire.3

DMLA précoce — drusen séreux

Figure 11 : <http://www.laboratoires thea.com/medias/oct_retine_fr_thea_website_0.pdf>

L’OCT montre une succession d’élévations de l’épithélium pigmentaire correspondant à des drusen de tailles variables. 3

DMLA exsudative

Figure 12 : <http://www.laboratoires thea.com/medias/oct_retine_fr_thea_website_0.pdf>

L’examen OCT fait maintenant partie intégrante du diagnostic et du suivi d’une DMLA néovasculaire. Les néovaisseaux choroïdiens prolifèrent à travers une rupture de la membrane de Bruch soit sous l’épithélium pigmentaire, soit sous la rétine. Ces vaisseaux immatures induisent une exsudation plus ou moins importante, ainsi que des hémorragies.

Sur la coupe OCT, la lésion néovasculaire apparaît sous la forme d’une hyperréflectivité située au-dessus de l’épithélium pigmentaire détruit. On note également un épaississement de la couche nucléaire externe en regard de la lésion. 3

Rétinopathie diabétique

Figure 13 : <http://www.laboratoires thea.com/medias/oct_retine_fr_thea_website_0.pdf>

Sur cette image, on peut voir des exsudats hyperréflectifs et de kystes intrarétiniens hyporéflectifs. Grâce à l’OCT on peut mesurer l’épaississement maculaire diffus. Les kystes intra-rétiniens et l’accumulation de liquide sont identifiables sous la forme de zones faiblement réfléchissantes.3  

DISCUSSION

Les progrès dans l’imagerie du fond d’œil sont spectaculaires et constants. Ils ont permis d’accompagner les avancées thérapeutiques. Aujourd’hui, on accorde une place plus importante aux examens non invasifs, comme l’OCT. Cependant, il ne faut pas oublier qu’un examen est utile que si l’on maîtrise parfaitement son maniement, si l’on en connaît les indications et les limites et si l’on décèle les anomalies. 1 Les images OCT doivent être corrélées à l’examen du fond d’œil, à l’acuité visuelle, et à l’histoire du patient pour arriver au bon diagnostic, ce qui permettra la meilleure décision thérapeutique. 3

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