Le Diabète Partie I

Opto-MAG| 25 novembre 2023, Nicolas TESTORI

Cropped image of attractive young female doctor in ophthalmology clinic. Doctor ophthalmologist is standing near shelves with different eyeglasses.

Le diabète est une maladie qui affecte une personne sur onze dans le monde et 5% de la population suisse. Cet article est une interview du Dr Michel Procopiou, endocrinologue-diabétologue à Neuchâtel, il répond à des questions sur le diabète, ses traitements, ses complications et son impact sur la vision.

Le Dr Procopiou explique que ces objectifs varient selon l’âge, le risque d’hypoglycémie et la qualité de vie des patients. Il distingue les deux types principaux de diabète, le type 1 et le type 2 qui nécessitent des traitements différents et mentionne le diabète gestationnel.

Mots-clés

Diabète, interview, OMS, hyperglycémie, diabétologue.

Introduction

Selon l’OMS, le diabète affecte une personne sur onze dans le monde. En Suisse, en 2022, 5% de la population de plus de 15 ans serait atteinte de diabète. Dès 65 ans, la part de personnes souffrant de diabète augmente à 12%. [1] Pour la rédaction de cet article, les questions qui me semblent pertinentes sont : Cliniquement, qu’est-ce que le diabète ? Comment est traité un diabète ? Avec les traitements actuels, quelles peuvent être les complications ? Comment la vision peut-elle évoluer chez un diabétique ? En quoi un rapport d’examen oculaire peut-il aider un diabétologue ? Pour y répondre, j’ai proposé une interview au Docteur Dr Michel Procopiou Endocrinologiediabétologie exerçant à Neuchâtel. L’idée initiale de cette interview était d’obtenir le point de vue d’un praticien. Au vu des réponses détaillées, cet article sera divisé en plusieurs parties.

1. Quelles sont les valeurs glycémiques normales pour un non-diabétique et les cibles à atteindre pour un diabétique ?

Une glycémie normale à jeun est définie comme un taux <5,6 mmol/l. Nous pouvons également utiliser des valeurs 2h après une charge de glucose de 75 g; ce procédé s’appelle “hyperglycémie orale provoquée” (HGPO) et la valeur normale devra être inférieure à 7,8 mmol/l. Finalement, l’hémoglobine glyquée peut également être utilisée pour diagnostiquer un diabète; sa valeur normale est <5,6 %. Les valeurs qui permettent de poser le diagnostic de diabète sont une hémoglobine glyquée ≥6,5 % ou une 36 glycémie à jeun ≥7,0 mmol/l ou encore, un critère plus rarement utilisé qui est une glycémie ≥11,1 mmol/l 2h après une charge de glucose de 75 g (HGPO).

Dans le diabète gestationnel (forme particulière de diabète apparaissant durant une grossesse), des critères différents sont utilisés.

Il y a donc une zone grise pour les personnes avec des valeurs intermédiaires. Ces catégories impliquent un risque plus élevé de progresser par la suite vers un diabète; nous parlerons de prédiabète.

La glycémie à jeun est dite perturbée lorsque ses valeurs sont comprises entre 5,6 et 6,9 mmol/l. L’intolérance au glucose est considérée pour des glycémies comprises entre 7,8 et 11,0 mmol/l 2h après une charge orale de 75 g de glucose. Finalement, une hémoglobine glyquée comprise entre 5,7 % et 6,4 % n’est pas tout à fait normale.

Les objectifs glycémiques ne dépendent pas du type de diabète, mais des facteurs individuels; pour un patient jeune, nous viserons des valeurs glycémiques basses. L’objectif de “quasi normaliser” la glycémie doit être pondéré par rapport à la complexité des traitements et surtout par rapport au risque d’hypoglycémie; facteur principal limitant l’intensification du traitement.

Plusieurs facteurs sont associés à une augmentation du risque d’hypoglycémies; un diabète évoluant depuis plus de 10 ans, la présence d’une insuffisance rénale, certains traitements (en particulier l’insuline), une mauvaise compréhension de la gestion du traitement par le patient, etc.

Pour donner un ordre de grandeur, on vise des glycémies à jeun entre 5 et 7 mmol/l et une glyquée (HbA1c) inférieure à 7,0 %.

Pour des patients relativement jeunes avec un risque d’hypoglycémie modéré et une longue durée d’évolution du diabète, une glyquée aux alentours de 7,5 % est souvent le bon compromis entre la qualité de vie, le nombre d’hypoglycémies et la prévention des complications microvasculaires.

Pour la plupart des patients âgés, une hémoglobine glyquée <8 %, ce qui correspond à une glycémie moyenne de 10 mmol/l est un objectif tout à fait raisonnable. Pour des patients très âgés, fragiles, à haut risque d’hypoglycémie, nous pourrons nous contenter d’une glyquée aux alentours de 8,5 %.

2. Quels sont les traitements possibles en fonction du diabète ?

Les traitements sont déjà différents en fonction des deux types principaux de diabète. Le diabète de type 2 qui est surtout lié à l’âge, à l’excès de poids et à certains gènes et d’un autre côté le diabète de type 1 qui survient à la suite d’une destruction auto-immune des cellules β, les cellules qui produisent l’insuline.

Dans le diabète de type 2, l’élément le plus important est la perte pondérale (une réduction de plus de 5 % du poids corporel en 1 mois ou de 10 % en 6 mois)[3] et une adaptation du régime alimentaire ainsi qu’une augmentation de l’activité physique. On peut voir les glycémies s’améliorer de façon spectaculaire. Le diabète peut même disparaître chez les patients qui arrivent à suivre un régime adapté, à augmenter de manière importante leur activité physique et à perdre du poids. Malheureusement, les changements des habitudes de vie sont souvent difficiles à mettre en place pour les patients.

Les options pharmacologiques dans le diabète de type 2 sont des médicaments en comprimés ou en injections. Les plus anciens (mais toujours utilisés) sont par exemple la Metformin ou les sulfonylurées (gliclazide). Les comprimés plus récents, sont les glinides et les gliflozines.

Il existe également une catégorie de médicaments injectables; les agonistes des récepteurs GLP1 et tout récemment des molécules de la même famille peuvent être pris par voies orales.

Ces médicaments se différencient par leur mode d’action, leur risque d’hypoglycémie, leur efficacité à baisser la glycémie et certains peuvent aider les patients à perdre du poids.

Le diabète de type 2 étant une maladie, le plus souvent évolutive, avec une perte de la capacité à produire de l’insuline, qui va nécessiter une intensification des traitements et des combinaisons médicamenteux. Quand ces traitements ne suffisent pas à équilibrer les glycémies, nous avons recours à l’insuline. Cette dernière peut également être prescrite transitoirement, notamment au moment de la découverte du diabète, quand les glycémies sont extrêmement élevées.

Dans le diabète de type 1, le seul traitement actuellement est l’insuline. Il y a deux grandes sortes d’insuline : l’insuline rapide qui est injectée principalement au moment des repas et l’insuline lente ou basale qui est injectée 1x par jour et qui permet d’assurer un apport “de fond” d’insuline sur les 24h. Le patient peut administrer l’insuline en s’injectant au moyen de “stylos autopiqueurs” ou via une pompe à insuline.

Dans des situations particulières, une transplantation est envisagée; soit par greffe d’îlots, soit par transplantation de pancréas.

Conclusion

Les valeurs de “glycémie cible” varient en fonction du diabète. La gestion du diabète implique des objectifs glycémiques individuels, en prenant en compte divers facteurs tels que l’âge, le risque d’hypoglycémie et la durée d’évolution de la maladie. Les traitements varient en fonction du type de diabète, allant des modifications de style de vie, de la perte de poids et des changements alimentaires aux médicaments oraux ou injectables, voire à l’administration d’insuline chez certains patients.

En partie II nous aborderons les complications, d’ordre général et oculaire, l’évolution de la vision et les diverses recommandations d’examen et d’échange entre professionnels.

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